HAUTE JOAILLERIE:
LA FEMME, LA SPLENDEUR, LA GRÂCE...
"Je vois chaque jour des choses différentes,
le ciel, les objets, tout change continuellement,
on peut se noyer dedans."
Pierre Bonnard
Je me souviens avoir reçu ce cadeau, il y a bientôt deux ans:
"JOYAUX ET PIERRES PRÉCIEUSES"
Un grand livre recouvert d'une sorte de feutrine noire, sur lequel se détachait l'image éclatante d'un diamant.
Il regorgeait de gemmes aux couleurs éblouissantes, de colliers somptueux, de couronnes et de sceptres, de maharadjas en habit d'apparat, de princesses et de reines couvertes de perles de grand prix, des trésors fabuleux de tout style et de toute époque...
Je me suis plongé dans tous ces délices.
Mon amour pour la Haute Joaillerie venait de naître.
Il n'a cessé de croître depuis.
Cela faisait bien longtemps que les pierres me fascinaient, sous l'aspect de la lithothérapie, plus tard de la minéralogie. Et ces domaines continuent de m'enthousiasmer!
Les pierres précieuses avec lesquelles on réalise des pièces de joaillerie, sont travaillées de manière complexe et codifiée. Mais on les trouve au départ sous forme brute, dans la nature au sens large.
Elles sont au départ des pierres brutes, et l'on décide d'en développer l'immense potentiel esthétique en les faisant passer dans les mains magiques du lapidaire, puisque c'est ainsi que se nomme l'artiste qui taille et facette les pierres.
Il lui faudra pour cela toute sa science!
Avant cet engouement pour l'art joailler, je regardais les bijoux furtivement, sans les comprendre.
Je les regardais de la même manière que je posais mes yeux sur le Mont-Blanc, la lune ou le ciel étoilé: impossible de soutenir du regard ces grandioses manifestations de la nature et du monde plus de quelques secondes. Trop beau, trop immense, trop majestueux...
Ce regard qui se pose, qui apprécie la beauté, qui admire à satiété, je ne l'ai acquis que récemment.
Comme un instrument de musique, l'œil se travaille, s'affine, se développe.
À force de contempler des œuvres, des objets, des tableaux superbes dans les livres, les magazines, je suis devenu plus sensible aux manifestions multiples qu'emprunte le chemin mystérieux de l'Art et du Beau.
Chemin étrange qui se nourrit de notre histoire personnelle, nos goûts forgés par l'expérience, la pratique et le temps.
Chemin personnel qui nous conduit d'un coup de cœur à un autre, à travers les découvertes et les joies d'un parcours qui se déroule en realité tout au long de la vie.
Au départ, mon jugement était plutôt binaire: j'aimais ou je n'aimais pas, j'adorais ou je détestais.
Mais l'étude et la contemplation des œuvres m'ont appris à devenir plus nuancé, à aimer d'une manière des styles qui me sont étrangers, à déceler la grâce là ou elle semble absente.
À me laisser surprendre par l'inconnu, à accepter d'être un peu bousculé, dérangé, à voyager dans des cultures et des contrées autres.
Sans perdre bien évidemment mes préférences et mes choix d'élection.
Les choses au départ me semblaient floues. Il me semble percevoir maintenant une image beaucoup plus nette, lumineuse.
La beauté approchée et comprise d'un domaine artistique apporte des lumières et des compréhensions pour d'autres domaines: c'est un cercle vertueux.
La curiosité s'éveille. Et la passion!
Il y a sur ces images des gemmes, des joyaux que j'ai choisis pour leur grande beauté, leurs couleurs chatoyantes, leur forme toujours parfaite, leur éloquence, leur fantaisie et leur pouvoir d'évocation.
La luminosité des pierres précieuses tient du miracle.
Elles sont portées en tant qu'ornement depuis le Néolithique.
Leur attrait mystique ne s'est jamais démenti. Les pierres, taillées ou brutes, accompagnent les femmes et les hommes depuis des milliers et des milliers d'années.
La femme s'en est parée, sa beauté s'en est trouvée exaltée.
J'ai voulu partager avec vous des portraits de quelques femmes, dont la beauté est mise en valeur, merveilleusement, par de rares parures d'hier et d'aujourd'hui.
Parmi elles, des figures féminines du cinéma hollywoodien, des égéries entrées depuis bien longtemps dans la légende.
Marlène Dietrich, Vivien Leigh, qui fut Scarlett O'Hara dans "Autant en emporte le vent", Marilyn Monroe, radieuse et fragile, Gloria Swanson, et surtout Elizabeth Taylor, la sublime actrice aux yeux couleur d'améthyste, qui aima les bijoux d'exception, à la folie.
Son mari, le grand acteur Richard Burton, lui offrit des pièces de haute joaillerie qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre absolus du 20ème siècle.
Par amour.
Ces femmes ont tissé, par leur grande beauté, leur carrière, leur charme ensorcelant, une image qui fit rêver dans le monde entier.
Blessées souvent, bien trop sensibles, elles se sont brûlé les ailes au jeu cruel de la notoriété immense qui fut la leur.
Plus que de talentueuses chanteuses ou comédiennes, elles sont devenues des mythes.
" C'est une vérité peu connue:
les bijoux, pour rester magnifiques,
ont besoin d'être portés souvent.
Et quand je dis portés,
cela signifie aimés."
Amélie Nothomb
Je vois dans le fait de se parer de beaux bijoux,
qui n'ont en apparence aucune utilité, une manière de célébrer la Vie.
Une manière de se faire belle, beau, d'exercer une séduction discrète, de se mettre en valeur, est-ce interdit?
Une manière de mettre les pierres en valeur. Elles disent beaucoup de notre personnalité...
La beauté semble être quelque chose de peu utile, voire de futile...
J'y vois l'essentiel de la Vie.
Ce qui lui donne saveur et couleur.
Célébrons la merveilleuse inutilité des joyaux!
Jérémie, le 3 octobre 2019
